Assurances sociales
Les assurances sociales et les institutions privées forment le dispositif de sécurité sociale suisse. Celui-ci protège aussi bien la population agricole que le reste de la population. Les assurances sociales telles que l’AVS, l’AI, mais aussi l’assurance maladie et l’assurance accidents garantissent les agriculteurs et leurs familles contre les risques dont les conséquences financières excèdent les capacités de l’individu.
Il n’est pas possible de procéder à une évaluation par catégorie de profession dans la plupart des assurances sociales, faute de données. L’étude ci-après se limite donc au revenu de l’AVS, aux allocations familiales du secteur agricole et à l’aide sociale.
Assurance-vieillesse et survivants
L’assurance-vieillesse et survivants (AVS) est l’un des éléments principaux du dispositif de prévoyance en Suisse pour ce qui concerne les retraités ainsi que les conjoints et les enfants survivants. Elle doit couvrir les besoins vitaux des assurés en cas de perte de revenu due à l’âge ou au décès de la personne subvenant aux besoins de la famille. Instituée en 1948, la rente AVS dépend du revenu soumis à cotisation durant la vie active ainsi que, le cas échéant, des bonifications pour tâches éducatives et d’assistance.
Les statistiques sur le revenu AVS comprennent tous les revenus soumis à l’AVS pendant une année de cotisation, indépendamment de la durée de l’activité.
La statistique la plus récente date de 2014 : on y recense environ 5,6 millions de cotisants (personnes actives ou non actives). Sur les quelque 5 millions de cotisants actifs âgés de 18 à 63 ou 64 ans (excepté les personnes vivant exclusivement d’un revenu de remplacement tel que les indemnités journalières AI), 51 300 sont des agriculteurs et agricultrices ou paysannes indépendants. Le revenu AVS provenant de l’activité agricole constituait la part la plus élevée du revenu AVS total pour 34 300 agriculteurs (76 %) et 4800 agricultrices ou paysannes (77 %). Près de la moitié des cotisants indépendants du secteur agricole exerçaient une autre activité lucrative en dehors de l’exploitation.
Revenu annuel soumis à l’AVS des indépendants travaillant dans l’agriculture1 (Personnes âgées de 18 à 63 ou 64 ans)2
Revenu AVS 2014 | Nombre | Total du revenu AVS moyen (moyenne arithmétique) | Part provenant de l’agriculture | Part provenant d’une autre activité lucrative3 | Âge moyen |
Fr. | Fr. | Fr. | Ans | ||
Hommes | 45 200 | 71 700 | 52 600 | 19 100 | 48,3 |
Femmes | 6 200 | 40 500 | 28 500 | 12 100 | 48,3 |
Total ou valeur moyenne | 51 300 | 68 000 | 49 700 | 18 300 | 48,3 |
1 Évaluation spécifique
2 Il n’est pas tenu compte des personnes actives l’année où elles ont atteint l’âge de l’AVS (64 ou 65 ans) et après l’âge de l’AVS (65+ ans ou 66+ ans).
3 Personnes sans autre activité lucrative : le montant de 0 franc est employé pour calculer la valeur moyenne. Sources : comptes individuels de l’AVS, Centrale de compensation (CdC) – Office fédéral des assurances sociales (OFAS) ; état avril 2018
Les revenus inscrits dans les comptes AVS individuels sont transmis chaque année par les caisses de compensation à la Centrale de compensation (CdC). Cette transmission varie selon les types de cotisations. Ainsi, les indépendants du secteur agricole sont enregistrés sous un type de cotisation séparé (genre de cotisation 9). Un revenu (2014 : 9333 francs) est inscrit dans le compte individuel des indépendants qui ne versent que la cotisation AVS minimale sans indiquer de revenu. C’est le cas de 16 % des agriculteurs, soit de 6600 hommes et de 1800 femmes.
Précisons que tous les indépendants ont pu réduire leur revenu soumis à l’AVS en rachetant des années de cotisations dans la prévoyance professionnelle, mais que l’on ignore l’importance de cette réduction.
En 2014, les femmes exerçant une activité indépendante dans l’agriculture étaient presque deux fois plus nombreuses qu’en 2000 (2000 : 3400, 2014 : 6200). Le revenu provenant de cette activité indépendante a augmenté de 10 000 francs entre 2000 et 2013 (2000 : 16 400 francs ; 2014 : 28 500 francs).
Allocations familiales
Les allocations familiales sont, avec les allègements fiscaux, le principal moyen de compenser les charges familiales. Contrairement aux prestations des autres assurances sociales, elles sont destinées non pas à remplacer un revenu mais à le compléter.
Les allocations familiales des travailleurs agricoles sont partiellement financées par leurs employeurs. La part restante et le coût des allocations familiales des agriculteurs sont couverts aux deux tiers par la Confédération et à un tiers par les cantons. Tous les autres indépendants actifs hors de l’agriculture reçoivent des allocations familiales financées par leurs propres contributions.
Montants des allocations familiales dans l’agriculture
Type d’allocation | Montant |
Fr. | |
Allocation pour enfant1 (de moins de 16 ans) | 200 |
Allocation de formation professionnelle1 (enfant de 16 à 25 ans) | 250 |
Allocation de ménage | 100 |
1 Montant majoré de 20 francs dans les régions de montagne
Source : Office fédéral des assurances sociales (OFAS)
Le montant des allocations pour enfant et des allocations de formation professionnelle dans le secteur agricole correspond aux montants minimaux fixés dans la loi sur les allocations familiales (LAFam). Ces montants sont majorés de 20 francs dans la région de montagne. Les travailleurs agricoles reçoivent en plus une allocation de ménage mensuelle de 100 francs. Certains cantons ont introduit d’autres allocations.
Allocations familiales versées à l’agriculture en 2017 selon la LFA
Bénéficiaires | Allocations annuelles | Allocations moyennes (par an) | |
Nombre | Millions de francs | Francs | |
Employés agricoles | 7 716 | ||
Allocations pour enfant | 9 469 | 15,599 | 1 647 |
Allocation de formation professionnelle | 2 758 | 5,322 | 1 930 |
Allocation de ménage | 7 901 | 7,499 | 9 49 |
Agriculteurs et agricultrices | 13 338 | ||
Allocations pour enfant | 21 743 | 49,855 | 2 293 |
Allocation de formation professionnelle | 9 073 | 23,467 | 2 586 |
Total | 21 054 | 101,742 | 4 832 |
Sans les exploitants d’alpages et les pêcheurs professionnels
Il n’est versé qu’une allocation par enfant.
Les bénéficiaires d’allocations qui ne reçoivent qu’une allocation de ménage ne sont pas tous recensés.
Source : OFAS
Les allocations familiales versées à l’agriculture ont enregistré un net recul ces dernières années. Le nombre de bénéficiaires a diminué pour deux raisons principalement : premièrement l’évolution structurelle dans l’agriculture et deuxièmement une modification législative qui fait que les familles paysannes sont de plus en plus nombreuses à percevoir des allocations en vertu de la loi sur les allocations familiales (LAFam) plutôt que de la loi sur les allocations familiales dans l’agriculture (LFA). En 2009, les allocations familiales versées dans le secteur agricole s’élevaient encore à 150 millions de francs, tandis qu’en 2017, elles n’étaient plus que de 102 millions de francs.
Aide sociale
La Constitution fédérale garantit un droit à toute personne séjournant en Suisse et se trouvant dans le besoin : celui d’obtenir de l’aide. Les cantons accordent des prestations d’aide sociale aux personnes qui ne peuvent pas subvenir à leurs propres besoins ou à ceux de leur famille. La compétence et l’exécution des dispositions sur l’aide sociale sont organisées d’une manière qui varie selon le canton ou la commune.
Personnes actives bénéficiaires de l’aide sociale dans l’agriculture en 20161
Dossiers | Personnes assistées (adultes et enfants) | Total des aides allouées | Montant par dossier | |
Nombre | Nombre | Millions de francs | Francs | |
Indépendants | 39 | 64 | 0,468 | 11 989 |
Employés | 160 | 320 | 2,080 | 12 999 |
Autres actifs en ménage | 236 | 380 | 3,535 | 15 108 |
Actifs résidant de façon permanente dans un établissement ou autrement qu’en ménage | 25 | 27 | 0,563 | 22 528 |
Totalité des actifs | 460 | 791 | 6,646 | 14 511 |
1 Évaluation concernant spécifiquement l’agriculture : nombre de dossiers de dossiers et montant moyen de l’aide sociale en fonction de la condition.
Unité considérée : dossiers d’aide sociale dans lequel le demandeur est actif professionnellement dans l’agriculture (y compris la sylviculture et la pêche) et dont l’âge se situe entre 15 et 64 ans.
Source : Office fédéral de la statistique (OFS) ; depuis 2009, les résultats de la statistique de l’aide sociale suisse sont basés sur un recensement complet dans tous les cantons.
En 2016, quelque 6,6 millions de francs d’aides sociales ont été versés au monde de l’agriculture, qui totalise 460 dossiers (490 dossiers lors de la première évaluation spécifique), ce qui représente 14 500 francs par dossier. Toutes catégories professionnelles confondues, la moyenne de l’aide sociale se monte à 15 600 francs par dossier.
Comme il faut prouver que l’on est dans le besoin pour avoir droit à des prestations sociales, la situation financière du ménage et de l’exploitation ainsi que des informations d’ordre privé doivent être communiquées aux services publics concernés. Or, cette démarche va à l’encontre des valeurs profondément ancrées dans la mentalité des familles paysannes, comme l’autonomie, l’indépendance et le libre arbitre. En outre, le lien étroit existant entre l’exploitation et le ménage constitue un autre obstacle aux démarches à faire pour obtenir une aide sociale. C’est pourquoi les paysannes et les agriculteurs préfèrent se serrer la ceinture pendant les périodes difficiles et vivre sur leurs réserves.
Esther Grossenbacher, OFAG, Secteur Recherche, innovation, évaluation, esther.grossenbacher@blw.admin.ch
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